Le chemin de fer prédestine la création de notre ville
Le développement de notre ville, qui n’est alors qu’un lieu-dit, une « section » de Maisons comme l’indiquent les actes administratifs de l’époque, s’inscrit dans ce bouleversement de la région parisienne.
La Plaine de Maisons a, en effet, été coupée en deux par la construction de la voie ferrée du Paris-Lyon-Marseille, qui sépare d’une ligne infranchissable les habitants du bourg de Maisons-Alfort, de ceux du hameau d’Alfortville.
Vers 1850, le seul lieu de passage est la gare maisonnaise. Dès lors, il semble difficile de concevoir un avenir commun pour la population de ces deux zones distinctes. D’autant qu’à cette même époque, le hameau alfortvillais n’est plus, comme au début du siècle, cette large plaine où dominent encore des terres peu fertiles et souvent inondées par la Seine et la Marne qui se rejoignent à la pointe nord de son territoire.
Plus tard, entre 1861 et 1863, un barrage est construit au Port à l’Anglais, sur le sol de Vitry-sur- Seine et de Maisons. Les habitants défrichent, remblaient, et trouvent l’énergie et l’argent nécessaires pour créer les fondations de notre commune.
Les « Alfortvillais » obtiennent leur école
L’expansion démographique de ce hameau de moins en moins isolé, bordé par la Seine et la voie ferrée, suscite des interrogations au sein du Conseil Municipal de Maisons.
En 1873, les nouveaux arrivants désireux de construire dans le hameau d’Alfortville sont informés qu’ils « ne pourront prétendre à aucune indemnité communale en cas d’inondations » !
Mais les futurs Alfortvillais ne veulent rien entendre. Ils considèrent ce territoire comme le leur.
La première école que les habitants avaient décidé d’installer en 1871, rue de l’Union, n’étant plus assez grande, ils adressent une pétition afin d’obtenir l’édification d’un groupe scolaire digne de ce nom. Dans un premier temps, le Conseil Municipal de Maisons leur adresse une fin de non-recevoir, refusant de leur accorder la « maison d’école » tant souhaitée.
Nullement découragées, les familles concernées verront leur troisième réclamation couronnée de succès, et des crédits seront finalement votés aux budgets de 1872 et 1873 pour la construction d’un nouvel établissement scolaire. A cette même époque, la voie ferrée du Paris-Lyon-Marseille d’un côté, la Seine et la Marne de l’autre, confèrent à notre « presqu’île » de 350 hectares des atouts indiscutables pour les entrepreneurs industriels.
4000 habitants dans une ville qui n’existe pas encore !
Par ailleurs, nombreux sont ceux qui veulent croire en l’avenir d’Alfortville.
La future commune compte, deux ans avant sa création officielle, près de 4000 habitants. Il s’agit, pour la plupart, de modestes ouvriers, sans rapport avec leurs voisins d’outre voie.
Tous sont animés d’une aspiration commune : disposer d’un logement décent et profiter de tous les avantages d’une ville nouvelle.
Un anniversaire souriant
L’esprit du texte qu’ils font parvenir le 25 avril 1883 au Maire de Maisons pour réclamer la « mise en commune » de leur secteur, témoigne de cette volonté d’obtenir leur indépendance communale sous l’égide des lois républicaines.
« Alfortville », écrivent les pétitionnaires, « a toujours eu le sentiment très vif et très net de son individualité : il a su l’imposer aux autres.
Ivry, Charenton, Créteil et ses voisins, Maisons même, ont, dès son origine et constamment depuis, reconnu Alfortville, non pas simplement comme un quartier de la commune de Maisons-Alfort, mais comme une localité vivant sa propre vie, ayant sa physionomie et son caractère distinctifs, comme un groupe parfaitement tranché… »
L’acte de naissance, tant attendu, est signé par le Président de la République Jules Grévy et par son Ministre de l’Intérieur Waldeck Rousseau ; cette loi de 1885 nous attribue un anniversaire souriant : le 1er avril ! Obtenue après deux ans d’enquêtes et de votes à tous les échelons, la signature de la « loi érigeant Alfortville en commune distincte », va procurer à tous ceux qui la réclamaient, une énergie nouvelle.
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Les nouvelles voiries conçues selon les règles de l’urbanisme moderne apportent aux habitants un confort appréciable. Les édifices publics contribuent à donner à la ville sa spécificité.
Construite en 1887, notre mairie s’impose comme le bâtiment-phare. Grâce au petit « clocher » qui la surmonte, elle offre l’heure à toute la ville. Il faudra attendre cinq ans de plus pour entendre sonner l’angélus de la première église d’Alfortville, Notre-Dame.
Les leçons de l’histoire
De ce passé hors du commun, Alfortville a su garder un bien qui a fait le ferment de notre nation : la fraternité. Une fraternité directement inspirée des idéaux de la IIIe République, que les pères fondateurs de notre ville, parmi lesquels de nombreux libres-penseurs ou francs-maçons ont contribué à propager en oeuvrant pour le progrès social et la laïcisation de notre espace communal.
Ville ouvrière à ses débuts — à la différence de Maisons-Alfort où résidaient de vieilles familles paysannes — c’est dans l’adversité qu’Alfortville a forgé son identité.
Il lui a fallu résister à l’inertie de pouvoirs locaux, peu pressés de satisfaire ses désirs d’autonomie ; lutter contre les crues qui vinrent, trois fois en cinq ans (1876, 1880, 1881), détruire le travail accompli ; trouver enfin les débouchés nécessaires à son épanouissement économique.
Mais ces combats communs ont été récompensés.
Alfortville a été l’une des pionnières dans la construction de logements HLM.
Dès 1921, l’ancêtre de notre Office de l’Habitat Social, devenu en 2008 LOGIAL-OPH, met en chantier des programmes ambitieux. Trois d’entre eux seront inaugurés bien avant la guerre : rue Etienne Dolet en 1927, rue Véron en 1931 et rue Edouard-Vaillant en 1933.
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Les municipalités successives s’attachent à offrir à leurs administrés une politique sociale ambitieuse, qui va au-delà des questions de logements. Le dispensaire municipal a été construit en 1924, le premier établissement de bains-douches a ouvert ses portes en 1933. Quant à la première crèche, elle a vu le jour en 1956.
Ce sens de la solidarité se traduit également par une tradition d’accueil. La communauté arménienne, solidement implantée dans notre ville, en témoigne aujourd’hui encore, près de 90 ans après l’arrivée de ses premiers représentants.
De même, nos concitoyens n’ont-ils pas hésité, au fil du temps, à accueillir toutes celles et tous ceux qui, venus d’Afrique, d’Europe ou d’ailleurs, selon les périodes, ont trouvé ici une population respectueuse de leur histoire.
Un nouveau logotype
Pour valoriser le nom de la ville et affirmer plus encore son identité, nous avons souhaité voir apparaître début 2009 une nouvelle identité visuelle pour Alfortville.
Ce nouveau logotype a été pensé à partir d’un travail typographique réalisé sur le nom de notre commune. La typographie a été choisie pour véhiculer les valeurs de tradition et de modernité chères aux Alfortvillais, et pour porter le dynamisme dont Alfortville peut se prévaloir. Nos concitoyens se reconnaîtront notamment dans la valorisation du A, initiale traitée telle une lettrine, dans une typographie aux courbes à la fois généreuses et modernes et dans des couleurs alliant prestige et proximité.
C’est ce nouveau symbole, au graphisme moderne et respectueux de la tradition, qui représentera désormais notre cité, fière de son passé, attachée à ses valeurs et résolument tournée vers l’avenir.
Son identité, notre commune la tient de ce caractère si particulier qui fait sa force et lui permet de s’unir, lorsque les événements le nécessitent.
Le combat exemplaire — et victorieux — qu’Alfortville a su mener voici quelques années contre un projet d’usine d’incinération, symbolise cette capacité des Alfortvillais à se rassembler pour préserver l’essentiel.
Depuis lors, nous nous sommes souvent rassemblés autour de la concrétisation de grands projets pour Alfortville, comme l’édification du Lycée Maximilien Perret, la réalisation du Parc d’Activités et des Sports de Val de Seine ou notre nouveau Pôle Culturel, qui s’est ouvert en 2007.
Telle est aujourd’hui notre ville, en ce début de XXIe siècle. Avec les descendants des premiers habitants du hameau, avec toutes celles et ceux qui sont venus de Paris, des provinces voisines et d’ailleurs, nous avons su donner vie à cette devise qui nous est chère : « A Alfortville, on aime vivre ensemble » !
Vidéothèque
La crue de 1910 à alfortville